Problématique de l’instabilité du personnel de santé en milieu rural : cas du district sanitaire de Ségou au Mali.

Abstract

L’instabilité du personnel de santé en milieu rural constitue un véritable problème de continuité des soins au Mali. Nous avons adopté une approche mixte (qualitative et quantitative) afin de nous permettre de mobiliser aussi bien les avantages du mode quantitatif que ceux du mode qualitatif. Cette conduite aide à maitriser le phénomène dans „toutes‟ ses dimensions.  Ainsi, nous avons fait des entretiens semi-directifs et administré des questionnaires. Les agents, pour la plupart, détestent aller travailler en milieu rural. Les raisons sont essentiellement les mauvaises conditions du milieu rural.

Selon 40% des agents, les mauvaises conditions d’hébergement constituent la cause de leur de mutation. 70% des agents estiment que n’ayant pas leur conjoint (e) dans la même localité qu’eux, ils ne peuvent pas y rester. 80% trouvent qu’à cause des enfants sans leur père ou leur mère, ils sont obligés de rejoindre le ou la conjointe. 40% n’ayant pas accès à l’électricité estiment qu’ils n’y peuvent pas vivre.

13,3% n’avaient pas accès à l’eau potable dans leur commune et se voyaient exposés à des maladies dues à la mauvaise qualité de l’eau. 96,7% disaient qu’ils n’ont pas accès à l’Internet, chose sans laquelle ils ne peuvent plus vivre.  3% affirmaient qu’ils sont dans une zone d’insécurité et ils voyaient leur vie en danger chaque jour, d’où l’impérieuse nécessité de quitter. 60% estimaient qu’il n’existe pas de reconnaissance du travail bien fait par leurs supérieurs hiérarchiques, ce qui les décourageait d’y rester. Les logements étaient trop distants du lieu de travail, selon 46,7% des agents, et faute de moyens de déplacement, ils se rendaient péniblement au service. 46,7% affirmaient qu’ils n’ont pas accès à une route goudronnée, ce qui leur couperait du monde commercial. 93,3% déploraient la routinisation du travail. 86,7% se plaignaient de la surcharge du travail, d’autant plus qu’ils sont les seuls agents qualifiés du Centre de Santé Communautaire. 17% ont décidé de quitter, car ils ne s’entendaient pas avec les membres de l’Association de Santé Communautaire qui constituent leurs chefs hiérarchiques 93% avaient de difficulté de collaboration avec la Mairie et ne voulaient plus y rester.